Deux places restantes.
Silence. Soupirs. Regards.
L’attente est insupportable.
Un des capitaines lâche :
« Faut vraiment qu’on se coltine le gros ? »
La sentence est toujours la même. Je ne suis pas un coéquipier, je suis un poids.
La dernière option. Jamais un choix.
À sept ans, on ne met pas de mots dessus.
On le ressent. Ça brûle.
J’ai envie d’aider… de donner le meilleur. Mais ça ne compte pas.
Ce qui compte, c’était l’évidence des autres :
Maksim, c’est le gros. Et le gros, ça fait perdre.

Je ne me vois pas comme « le gros ».
Dans ma tête, je suis simplement un enfant comme les autres.
Mais vingt paires d’yeux, chaque jour, me renvoient une autre image.
À force, leur regard devient un miroir déformant.
Et ce miroir finit par me posséder.
Mon corps parle à ma place : « je suis un problème ».
Dans leurs yeux, j’incarne la défaite avant même d’avoir joué.
Ce verdict quotidien a empoisonné mon âme d’enfant.
Pour eux, je n’étais qu’une « taille de pantalon ».
J’ai ressenti la colère. Brute.
Certains enfants blessés se taisent. D’autres se cachent.
Moi, j’ai forgé une carapace. Elle protégeait. Elle isolait.
Cette armure invisible m’a permis de tenir debout, mais m’a aussi condamné à une longue solitude.
Trente ans plus tard. Autres lieux. Autres visages. Même prison.
L’école se termine. Les blessures restent.
Comme une ombre, collée aux talons.
Aujourd’hui, je ne joue plus à la balle aux prisonniers.
Mais ce besoin viscéral de validation reste là, comme une cicatrice qui démange.
Quand on a été exclu, le jour où on est enfin accepté, on s’accroche trop fort.
On cherche dans l’approbation des autres une revanche indirecte à ce que l’on a vécu.
Comme pour dire à ceux qui nous ont rejetés :
« Regardez aujourd’hui comme certains m’apprécient ! »
C’est une erreur.
Chercher l’approbation, c’est une prison.
Une prison où l’on reste à la merci du jugement extérieur.
Une prison où notre valeur fluctue selon l’humeur des autres.
La cour de récréation continue, sous d’autres formes.
Dans les réunions où personne ne vous écoute.
Dans les dîners où l’on coupe systématiquement votre parole.
Dans les groupes WhatsApp où vos messages restent sans réponse.
Le rejet change de visage, mais pas d’intention.
Et chaque exclusion réactive cette blessure originelle.
Et puis…
Un jour ordinaire arrive la révélation.
Non pas dans un grand moment d’épiphanie.
Mais dans l’accumulation de petites preuves, presque insignifiantes.
Quelqu’un qui me demande mon avis sans arrière-pensée.
Quelqu’un qui défend mon point de vue en réunion avant même que j’aie à le faire.
Quelqu’un qui m’écoute – vraiment m’écoute – sans attendre son tour de parole.
Ces interactions authentiques ont formé une brèche dans ma prison.Et derrière, une vérité éclatante :
Ma valeur n’avait JAMAIS dépendu des autres.
Elle avait toujours été là.
Le jour où j’ai arrêté de mendier l’approbation, ce qui était une punition injuste est devenu un filtre relationnel parfait.
Et je vois l’exclusion sous un jour radicalement différent : un signal rapide et clair !
Quand certaines portes se ferment, c’est que notre place est ailleurs.
Et ne pas être à sa place n’est pas une fatalité.
C’est simplement une invitation à chercher sa vraie famille.
La plus grande erreur que l’on puisse faire, c’est de vouloir être accepté à tout prix.
Si vous devez vous tordre pour entrer dans un groupe, alors ce n’est pas le bon.
Avec le recul, je comprends que ces exclusions m’ont préparé à reconnaître et à valoriser les relations sincères et authentiques.
Lorsque nous trouvons enfin cet espace qui nous correspond, la clarté surgit : nous comprenons pourquoi rien ne « collait » avant.
Ce que je prenais pour du rejet me guidait en réalité vers mon véritable cercle d’appartenance…
Vers ma tribu !
Parce qu’une tribu, ce n’est pas un groupe qui vous tolère.
C’est un groupe qui vous choisit.
Trouver sa tribu, c’est se retrouver.
La tribu est bien plus qu’un groupe d’amis – c’est une famille choisie où notre authenticité est célébrée comme un trésor.
Dans les groupes où je me forçais à entrer, je calculais chaque mot, épuisé avant même de parler. Mes victoires passaient inaperçues, mes échecs étaient attendus.
Dans ma tribu, paradoxalement, nos différences renforcent notre lien.
Transparence. Engagement. Soutien mutuel. Et surtout, respect.
Et ça, ce n’est pas négociable.

Dans ma tribu, je ne suis plus « le gros », je suis « celui qui voit les solutions invisibles ».
Je suis pleinement moi, avec mes forces et mes faiblesses – et des étiquettes qui reflètent mon essence, pas mon apparence.
Et c’est précisément cette acceptation totale qui rend la tribu si puissante et si guérissante.
Au fil de mon parcours, j’ai développé ce que j’appelle une « équation relationnelle » qui m’a libéré :
Il est aussi naturel de ne pas être aimé de certains que de ne pas aimer tout le monde.
Cette vérité, une fois intégrée, devient une source immense de liberté.
Elle nous délivre de l’illusion toxique que nous devrions plaire à tous.
Elle nous permet d’accepter que certaines connexions ne sont tout simplement pas destinées à se former.
Et surtout, elle nous rappelle que nous avons nous-mêmes le droit de choisir nos relations.
Cette équation simple équilibre nos attentes et nos responsabilités.
Elle transforme le rejet d’une sentence en un simple réalignement.
Elle nous permet de vivre nos relations avec plus d’authenticité et moins d’anxiété.
Voici les signes que vous avez trouvé votre vraie tribu :
- Vous respirez différemment en leur présence – littéralement. Votre respiration est plus profonde, plus lente.
- Vous n’avez pas besoin de traduire vos pensées – vous pouvez parler sans filtre, sans craindre d’être mal compris.
- Vos échecs sont accueillis avec autant d’intérêt que vos réussites – ils font partie de votre histoire, pas de votre valeur.
- Votre énergie augmente après les avoir vus – au lieu de vous sentir vidé, vous vous sentez rechargé.
- Vous êtes défendu en votre absence – vos alliés parlent pour vous quand vous n’êtes pas là.
Et vous ?
Si vous lisez cette lettre et que vous ressentez un écho en vous, alors je veux vous dire une chose :
Vous méritez une tribu.
Si vous avez vécu l’exclusion, le rejet, si vous avez été « le dernier choisi » ou si vous avez senti que vous ne trouviez pas votre place, sachez que cette expérience peut devenir votre plus grand guide vers une vie relationnelle épanouissante.
Ne forcez pas votre entrée dans des groupes qui ne résonnent pas avec votre essence.
Investissez plutôt votre énergie dans la découverte de votre véritable tribu.
À ceux qui l’ont déjà trouvée : célébrez-la. Engagez-vous pleinement. Le privilège d’appartenir vraiment est rare.
À ceux qui cherchent encore : persévérez. Restez authentique. L’exclusion n’est pas une fin. C’est une redirection.
Vous pensez avoir été rejeté ?
Non. On vous attend ailleurs.
Avec bienveillance,

P.S. : Aujourd’hui, j’ouvre un espace protégé pour que nos histoires d’exclusion deviennent des histoires de connexion. En un mot. En dix lignes. En mille.
Partagez-moi votre histoire en commentaire.
Le moment où vous avez été rejeté. Ou celui où vous avez trouvé votre place.
Et qui sait ? Votre partage pourrait être exactement ce dont quelqu’un d’autre a besoin pour se sentir moins seul dans sa quête.
P.P.S. : Quelqu’un autour de vous cherche encore sa tribu ? Offrez-lui ce message. Il pourrait tout changer.




